« Zelus. »

Zelus était chétif. Véritablement chétif. Il ne faisait aucun doute qu'il serai le premier à mourir sous les griffes de ses frères et soeurs, si ce n'est autrement. Pourtant, sans doute s'avéra-t-il que sa croissance fut simplement tardive et gênée par la concurrence de sa portée car plus personne ne doute désormais qu'il ne sera dans les chats de bonne taille plus tard. Malgré ça et à l'image de ceux des landes, c'est un félin fin et effilé. Ne vous y méprenez pas, néanmoins, son agilité et sa fourberie compensent son manque de force et d'endurance. L'affligeante banalité de son pelage brun tigré est parfois remplacée par les taches de sang que le jeune félin se plaît à disséminer dans son poil rêche. Si certains y voient vraiment un signe de monstruosité, cette manie n'est que pour beaucoup les tentatives ridicules d'un chaton pour devenir un véritable membre de la horde. D'ailleurs, l'arrogance qui se lit dans ses yeux verts-jaune ne fait que renforcer cette impression. Finalement, bien souvent seule la cicatrice qui court sur sa paupière en quatre traits parallèles infligés par son frère laisse réellement supposer qu'il fasse partie des chats sanguinaires de la ville que craignent beaucoup.

★ Qualités : Rusé || Courageux || Solide d'esprit || Sûr de lui || Combatif || Rarement peur
★ Défauts : Agressif || Sanglant || Ambitieux || Sadique || Inconscient || Tête brûlée || Arrogant || Moqueur || Se sur-estime beaucoup trop || Têtu || Rancunier

Il a appris la haine quand les crocs de sa famille s'enfonçaient dans son propre poil. Il a appris la jalousie quand sa petite taille l'empêchait d'atteindre dans les premiers le lait maternel, bousculé par ses frères et soeurs. Il a appris l'égoïsme quand la faim le taraudait et qu'un autre chat lui réclamait cette proie qu'il avait sué à attraper. Il a appris la rancune de ses défaites et le sadisme de ses victoires. Il a appris l'arrogance des réprimandes de ses supérieurs, il a appris l'ambition de leurs ordres. Il n'a pourtant pas appris le réalisme quand ses rêves de grandeur étaient défaits par les griffes des solitaires. Zelus c'est le genre de chat que vous détestez sans le moindre problème de conscience. Parce qu'avant d'être un membre de la horde, c'est un chat aux ambitions démesurées pour son jeune âge, et qui se sur-estime beaucoup trop facilement. C'est facile de tuer son frère et ses deux soeurs, certes, mais tous les chats de la horde ont fait ça. Dans son immature esprit, il se berce d'illusions démesurées par le plaisir qu'il ressent au combat et à la tuerie. Ce n'est pas du tout pourtant un gentil chat qui se cache derrière une coque de pseudo démon, c'est un véritable tueur qui n'en a simplement pas la carrure. Il fonce sans réfléchir, enorgueilli par ses victoires et le côté mauvais perdant qu'il possède rend ses propres défaites insignifiantes à ses yeux. Pourtant, la ruse il en a, en quantité. Il n'est simplement pas assez prudent pour se rendre compte de l'ampleur de ses envies, mais admettant que ça arrive parfois cette pensée-là est très vite remplacée par une brûlante jalousie pour que l'idée de devenir un chat différent que ce qu'il aimerai être ne l'atteigne véritablement. Pour peu qu'il reconnaisse que vous êtes plus fort que lui, c'est un fourbe, un rusé et un égoïste. Il ne donne rien et prend tout. Et s'il le faut, il le volera de la pire des façons, même si ça signifie d'y tracer une frontière dans le sang de ses victimes. C'est ce genre de rêves dignes des pires démons qui lui donne un véritable côté dangereux, bien plus qu'un chat un minimum pragmatique. Mais c'est aussi et surtout sa pire faiblesse. Zelus, il fonce et quand il est lancé, rien ne l'arrêtera. Et si vous croyez que lui infliger une humiliante défaite servira à l'éloigner de vous, c'est que vous n'avez pas encore compris que la rancune est sans doute l'un des plus grands principes du jeune mâle.

« C'est le plus faible, le plus petit. Ca sera le premier à mourir. C'est à peine si je me demande qui va le tuer. » Une voix méprisante. Une voix qui insinuai sans nul doute qu'il serai le premier à ne plus avoir la force de se traîner jusqu'aux mamelles qui nourrissaient les quatre chatons. Cette voix était celle de son père. Pourquoi lui, sous prétexte qu'il était plus faible? Il avait la haine qui animait les membres de la Horde. Et, il n'en doutait nullement, bien plus que ses frères et soeurs. Une lune. Une lune que la vie lui avait été offerte et déjà elle lui échapperai? Redoublant d'efforts pour attendre le précieux lait, ses minuscules griffes écorchèrent quelque chose. Une oreille. Il tenta bien de recommencer, mais l'oreille avait disparu. Mais la mamelle était libre et il n'y réfléchit pas plus pour s'y accrocher.


Trois lunes, presque quatre. Tout ce temps qu'il avait vu le jour. Comme ses frères et soeurs. Sauf que l'une d'entre elles ne vivrait pas plus que trois lunes. C'était son cadavre que le chaton traînait difficilement hors du carton qui avait vu naître les quatre félins. Lui-même était strié de blessures. La gorge et l'épaule ouverte par son frère, la petite chatte pendait entre ses crocs, inerte corps qu'il avait toujours eu devant lui quand les proies de leur mère arrivaient pour les nourrir. Et juste derrière lui, son frère tenait la dépouille de son autre soeur. De quatre, ils étaient maintenant deux. Les deux survivants, et chacun des deux savait qu'il ne devait en avoir qu'un seul. « Tu n'aurais pas dû sous-estimer ton fils, visiblement. » Un compliment. Un compliment sous-entendu mais un compliment quand même. L'ego déjà gonflé par le meurtre qu'il avait commis enfla considérablement. « C'est un faible. C'était, c'est et ça sera toujours un faible. D'ailleurs, dans peu de temps, il ne sera plus rien tout court. » Tournant un regard brûlant de haine vers son géniteur, il feula virulement. Maigre menace de la gueule d'un si jeune félin. « Tu en es si sûr? » Zelus observa son frère. Les deux savaient. Les deux savaient que l'un d'eux allait mourir des griffes de l'autre. Mais ils étaient blessés. Pas aujourd'hui.


Faible. Faible, son père l'était devenu. Sans doute ayant avalé une salop*rie de bipèdes, comme le nom qu'il donnait à leurs déchets. Se battre n'était plus dans ses compétences, et sans remèdes sa guérison était plus que douteuse. Le reste de la Horde l'avait bien compris et la meneuse lui avait bien dans l'intention de débarasser le groupe de ce poids mort. « Se battre serai-t-il devenu impossible pour toi? » [Meneur] balaya l'assemblée du regard. « Peut-être que lui pourra répondre à cette question. » "Lui", c'était un jeune chat solitaire, qui ne devait pas excéder les sept lunes. Poussé en plein milieu du cercle de félins, il regarda timidement le grand mâle. C'était à celui qui mourrait le premier. Zelus espérait simplement que cet avorton que la horde tentait de recruter allait crever sous les crocs de son père. Il voulait tuer celui qui avait toujours été son bourreau lui-même.

Le jeune n'était visiblement pas excellent combattant, mais son père avait véritablement été affaibli par l'étrange maladie qu'il avait contractée. Ce fut sans le moindre doute la fatigue qui donna la victoire au jeune mâle, qui tenait sous ses deux pattes avant le cou du vieux guerrier, se débattant faiblement de l'étreinte qui signerai sa mort. « Tue-le! Tue-le! » La foule scandait cet unique ordre, chaque regard fixant les deux combattants. Il hésita longtemps avant de planter ses crocs dans la gorge de son adversaire, lui ôtant la vie. Zelus, lui, bouillonnait de rage. « C'est moi et moi seul qui aurai dû le tuer! C'est moi qui aurai dû lui retirer la vie, sale profiteur! » Il avançait alors, le poil hérissé et les crocs dévoilés, fermement décidé à faire payer à cet ex solitaire de lui avoir volé ce plaisir. « Tiens, on est jaloux maintenant. » C'était son frère qui avait parlé. C'était son frère qui avait toujours été préféré de leur géniteur, qui avait toujours eu plus de chances de le tuer lui, Zelus. Poussant un feulement rageur, il se précipita sur l'autre, les crocs dirigés vers sa gorge. Griffant, ruant, mordant et crachant, les félins s'entredéchiraient, faisant s'écarter les chats massés autour d'eux. C'était maintenant que se déciderai qui serai l'unique survivant. C'était maintenant que ce qu'ils attendaient avec impatience allait se jouer. Pourtant, quand Zelus arracha un morceau de la jugulaire de son frère, le laissant agoniser sur le bitume, le résultat n'était pas celui qu'on attendait. Zelus avait gagné. Zelus était le survivant. Et ça dépassait bien plus la déception de n'avoir été le meurtrier de son père.

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